À part peut-être la faculté de prévoir le temps qu’il fera (« Il va pleuvoir – mes rhumatismes me font mal », il n’y a pas grand-chose à tirer de la polyarthrite rhumatoïde. C’est une maladie chronique douloureuse, souvent source de frustrations, qui provoque l’inflammation des articulations des extrémités – habituellement les mains et les pieds – ce qui a pour conséquence une rigidité et une enflure qui peut aboutir à une usure des os et à une déformation des articulations (1).
La polyarthrite rhumatoïde est une maladie dite auto-immune parce qu’elle survient quand le système immunitaire d’une personne s’attaque par erreur à ses propres tissus. Il n’y a aucune cure si bien que le traitement consiste au contrôle des symptômes et à la prévention des atteintes aux articulations à l’aide des médicaments antirhumatismaux modificateurs de la maladie (ARMM). Le méthotrexate est un de ces médicaments souvent prescrits aux personnes qui souffrent de polyarthrite rhumatoïde (1).
Au cours de la dernière décennie, une nouvelle classe de médicaments a fait son apparition pour les gens que les ARMM classiques ne soulagent plus. Les « agents biologiques » agissent en supprimant les signaux du système immunitaire qui déclenchent l’inflammation. Il existe plusieurs types d’agents biologiques, par exemple, l’étanercept, l’adakimumab et le rituximab.
Un grand nombre d’études ont montré que les agents biologiques aident à prévenir l’érosion de l’articulation et soulagent les symptômes de l’arthrite (3) – un si grand nombre en fait qu’une revue critique exhaustive menée en 2013 a été mise à jour un an plus tard pour intégrer des données encore plus récentes (4). La revue menée en 2014 comprend les résultats de 108 études faisant appel à des participants atteints de polyarthrite rhumatoïde ou courant un risque élevé de développer la maladie. Les études portaient sur une variété d’agents biologiques. Les participants des études recevaient des agents biologiques seuls, le méthotrexate (ou un autre ARMM « classique ») seul ou une combinaison des deux et ils étaient évalués après au moins six mois de traitement.
Ce que la recherche nous apprend
Quel est le verdict ? En accord avec les études antérieures, on observe que les agents biologiques sont efficaces pour réduire la douleur et l’inflammation, mais que la plus grande amélioration résulte de la combinaison des agents biologiques et des ARMM classiques.
Mais ce qui semble une franche approbation en faveur des agents biologiques s’accompagne d’une mise en garde : la revue critique ne se penchait pas sur l’innocuité des médicaments. Comme ces médicaments modifient le système immunitaire, la communauté médicale continue de débattre ardemment à savoir si les agents biologiques augmentent le risque d’infections graves comme la tuberculose. Une revue systématique exhaustive menée en 2015 sur le sujet (comprenant 106 essais cliniques aléatoires et plus de 42 000 patients) a constaté qu’il n’y avait pas de hausse notable du nombre d’infections graves pour les personnes prenant de faibles doses d’agents biologiques, mais que le risque augmentait à doses normales ou élevées (5).
Faudrait-il après tout éviter de prendre des agents biologiques ? Comme dans le cas de tous les médicaments ou interventions, il faut peser les bienfaits et les risques en tenant compte de la situation de chacun. L’âge du patient, ses antécédents médicaux, son état de santé général, le stade et la gravité de sa maladie aussi bien que ses propres valeurs et ses volontés aideront le médecin à décider si l’ajout des agents biologiques au plan thérapeutique est recommandable, et si c’est le cas, quelle est la dose optimale.