On a tellement abusé de l’expression « nouveau et amélioré » qu’elle ne nous frappe plus beaucoup. Plutôt que de se précipiter pour acquérir un produit « exceptionnel », on est plus enclin à attendre et voir s’il est à la hauteur des prétentions de la publicité. C’est une attitude sage qui s’applique aussi en matière de médicaments et d’interventions médicales. Même s’ils sont soumis à des essais approfondis avant leur approbation, les médicaments pourraient comporter des effets secondaires et des réactions indésirables qui apparaissent seulement après un usage prolongé ce qui nécessiterait, le cas échéant, des études plus fouillées. Les nouveaux anticoagulants oraux en sont un bon exemple.
On prescrit en général des anticoagulants aux personnes à risque de développer des caillots sanguins en raison de maladies comme la fibrillation atriale (un type fréquent d’irrégularité du rythme cardiaque potentiellement compliqué par un AVC (2)) et la thromboembolie veineuse (caillots qui se forment dans les veines puis se détachent et atteignent les poumons (1)). Les personnes âgées sont particulièrement à risque de caillots et de complications suite à un caillot (3). Pendant longtemps, le seul agent anticoagulant oral sur le marché était la warfarine qui exige un suivi extrêmement rigoureux et des ajustements réguliers de la dose par les médecins (4).
Arrivent les petits nouveaux : le dabigatran, le rivaroxaban et l’apixaban (appellations commerciales respectives Pradaxa®, Xarelto® and Eliquis®). Ils sont efficaces pour prévenir les caillots sanguins, exigent moins de suivi, et sont plus faciles à prendre (par ex., une pilule ou deux par jour). Toutefois ces pilules ont suscité des préoccupations en provoquant des saignements excessifs chez les personnes âgées (5,6).
On a mené plusieurs études pour tester les nouveaux anticoagulants, y compris 10 essais cliniques aléatoires qui forment la base d’une revue systématique récente. Le but de cette revue était d’apprendre si ces médicaments aident à prévenir les infarctus et les AVC et s’ils entraînent des effets secondaires comme les saignements (7). On avait prescrit des anticoagulants aux participants – plus de 25 000 hommes et femmes âgés de 75 ans et plus – parce qu’ils étaient atteints de thromboembolie veineuse, d’embolie pulmonaire, de fibrillation atriale ou qu’ils étaient gravement malades.
Ce que la recherche nous apprend
Les études montrent que les nouveaux anticoagulants n’entraînent pas de saignements graves et sont aussi efficaces, sinon plus, que le traitement habituel pour la prévention des infarctus, des AVC ou des décès attribuables à des maladies cardiaques chez les personnes âgées.
Une autre revue systématique datant de 2014, celle-ci basée sur 45 essais cliniques aléatoires faisant appel à près de 45 000 participants atteints de thromboembolie veineuse aigüe parvient à des résultats comparables (8). On y compare plusieurs traitements et combinaisons de traitements et bien que tous les nouveaux médicaments préviennent les callots sanguins aussi bien – sinon mieux – que les médicaments classiques, le rivaroxaban et l’apixaban entraînent des saignements moins graves.
Un fait de nature à rassurer les gens à qui on prescrit ces anticoagulants : un nouvel antidote neutralise leurs effets indésirables et arrête l’hémorragie en quelques minutes en cas d’urgence (9).
Bien que, dans le cas présent, les médicaments soient effectivement nouveaux et améliorés, les auteurs des revues mettent en garde contre une approche universelle. Les gens devraient parler à leur médecin de leurs préoccupations particulières, y compris les risques de saignement, afin de s’assurer qu’on leur prescrit les médicaments appropriés.
Mis à jour le 15 octobre 2015
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