On vous a transporté au service des urgences avec des symptômes d’insuffisance cardiaque. On vous a traité, prescrit des médicaments, donné des directives en matière de soins et préparé pour le retour à la maison. Maintenant que vous êtes hors de danger immédiat et que le choc initial est passé, vous parlez d'un « réveil » et vous êtes reconnaissants pour cette nouvelle chance.
Pourtant, jusqu'à 25 % des patients traités et sortis de l’hôpital après un épisode d’insuffisance cardiaque y sont réadmis dans les 30 jours (1). Que faut-il faire pour éviter à ceux qui sont à risque de répéter une insuffisance cardiaque et de faire des visites périodiques du service des urgences ?
L'accès au bon type de soins et de soutien après le traitement est essentiel.
Les « soins de transition » sont conçus pour que les gens continuent d'avoir l’attention et les soins médicaux dont ils ont besoin après le congé de l’hôpital et le retour à la maison (2 ; 3). Cela peut inclure la prise en charge par une équipe coordonnée de soins de santé dispensant une formation sur l'autoprise en charge, faisant le suivi des progrès et des symptômes du patient et offrant un soutien pour l’aider à gérer ses médicaments (4). Les soins de transition sont fournis par le biais de visites à domicile, de consultations dans une clinique consacrée à l'insuffisance cardiaque, ou encore à distance par téléphone, vidéo ou internet.
Mais ce type de soins garde-t-il vraiment les gens hors de l’hôpital après un épisode d’insuffisance cardiaque ? Dans l’affirmative, quelles sont les approches les plus efficaces ? C’est ce qu’une revue systématique de 47 essais cliniques aléatoires a cherché à savoir (4).
Les approches en matière de soins de transition incluaient : des programmes de visite à domicile (p. ex, des soins de suivi à domicile fournis par des professionnels de la santé) ; le soutien téléphonique structuré ; la télésurveillance de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle et d’autres mesures ; des visites périodiques à une clinique consacrée à l’insuffisance cardiaque ; et l’éducation du patient ou de l'aidant. La réadmission à l’hôpital et les taux de décès chez les patients atteints d’insuffisance cardiaque qui reçoivent des soins de transition ont été comparés à ceux qui reçoivent des soins standards seulement.
Ce que la recherche nous apprend
Autant les programmes de visites à domicile que les cliniques consacrées à l’insuffisance cardiaque aident à réduire les risques de réadmission à l’hôpital et les risques de décès dans les six mois après l’épisode d’insuffisance cardiaque (4 ; 5). Le suivi du patient, l’éducation et l'autoprise en charge à l'aide du soutien téléphonique ont contribué à diminuer le risque de la survenue d’un autre épisode d’insuffisance cardiaque (4).
Que faire si vous n’avez pas accès aux cliniques ou aux services spécialisées ? Le suivi et le soutien par téléphone peuvent s'adapter aux gens vivant différentes situations dans différents endroits. On recommande aussi d'inclure l'approche des soins de transition dans le contexte des soins primaires - et d'en mesurer le succès (4). Cela pourrait inclure des efforts pour s’assurer que les patients ont davantage accès à des cliniques de soins primaires dont le personnel possède les connaissances et les compétences pour fournir un soutien ciblé après un épisode d’insuffisance cardiaque. En ce qui concerne le personnel, les soins de transition dirigés par du personnel infirmier semblent diminuer les réadmissions à l’hôpital spécifiques à l’insuffisance cardiaque et peuvent réduire la durée des séjours à l’hôpital (6).
La revue systématique renforce le fait qu'un suivi médical efficace joue un rôle important dans la guérison et le rétablissement après un épisode d’insuffisance cardiaque et aide les patients à profiter de ce « second souffle » pendant très longtemps !