Il est possible de lutter contre la désinformation en utilisant des stratégies de corrections efficaces

Walter N & Murphy S. Comment faire cesser le son de la cloche: une approche méta-analytique pour corriger la désinformation Communication Monographs. 2018; 85(3): 423-441.

Question abordée par la revue systématique

•      Est-il possible de corriger la désinformation? Quelles sont les meilleures stratégies pour y parvenir?

Contexte

•      En 2016, le Oxford Dictionary a annoncé que «post-vérité» (ou « post-truth » en anglais) était le mot de l'année.

•      En effet, l'idée que beaucoup de gens sont mal informés sur la santé, la politique, la science et l'environnement est devenue courante dans la société.

•      Selon des recherches récentes, la moitié du public américain croit en au moins une théorie du complot.

•      Étant donné la croissance de la désinformation, il est particulièrement décourageant de constater que de nombreuses stratégies pour corriger la désinformation se sont avérées inefficaces ou provoquent l'effet inverse, servant paradoxalement à renforcer les mensonges.

•      Le but de cette revue systématique est d'examiner l'efficacité de diverses stratégies pour corriger la désinformation.

Comment la revue a été réalisée

•      Les auteurs de la revue ont effectué des recherches dans huit bases de données et dans les listes de référence des études pertinentes, et ils ont aussi contacté des chercheurs de premier plan dans le domaine de la désinformation pour trouver des études appropriées à inclure dans leur revue.

•      Pour être incluses dans la revue, les études devaient contenir des données probantes sur les moyens de corriger la désinformation et employer des méthodologies d'étude valides et fiables.

•      Au total, 608 études ont été extraites de la recherche initiale, dont 65 ont été incluses dans la revue après avoir évalué leur admissibilité.

•      Ce travail a été soutenu par la Annenberg School for Communication and Journalism de l'Université de Californie du Sud (États-Unis). Aucun conflit d'intérêt potentiel n'a été signalé par les auteurs de la revue.

Ce que les chercheurs ont trouvé

•      Les résultats de cette revue ont démontré que les tentatives de correction de la désinformation peuvent réussir dans divers domaines et publics et en utilisant différentes stratégies.

•      La revue a également révélé que corriger la désinformation semble avoir plus de succès dans le domaine de la santé que de la politique ou du marketing. À l'appui de cela, les auteurs ont constaté que les gens ont tendance à être plus résistants au changement en ce qui concerne leur identité politique. Cela est particulièrement vrai chez les individus qui ont fait des études supérieures.

•      En ce qui concerne les stratégies de correction spécifiques, les auteurs ont constaté que les appels à la cohérence étaient généralement plus efficaces que la vérification des faits ou les critiques de la crédibilité des sources.

•      En effet, les messages correctifs qui intègrent les rétractions avec des explications alternatives se sont révélés être la stratégie la plus efficace pour corriger les mensonges. En d'autres termes, une tentative de correction a tendance à être plus efficace lorsqu'une raison est fournie pour expliquer pourquoi les fausses informations ont commencé en premier lieu. Une fois que les gens sont exposés à un message cohérent qui peut expliquer la chaîne d'événements, ils sont plus susceptibles d'adhérer aux nouvelles informations.

•      Le timing semble influencer le succès relatif des messages correctifs. Plus précisément, corriger la désinformation s'est avéré plus efficace lorsqu'un laps de temps modéré (plus de quelques heures mais moins d'une journée) s'est écoulé depuis le moment où l'individu a été initialement initié au mensonge. On pense que cela est dû au fait que suffisamment de temps s'est écoulé pour que la personne traite les informations.

•      Enfin, certaines données probantes faibles indiquent que les caractéristiques du public jouent un rôle dans le changement des croyances. Plus précisément, les corrections semblent mieux fonctionner pour les échantillons d'étudiants que pour les échantillons de non-étudiants. Les auteurs pensaient que cela pourrait être lié à l'âge relativement plus jeune des étudiants, ce qui peut les rendre plus susceptibles d’accepter des explications alternatives.

Conclusion

•      En résumé, cette revue a offert une perspective optimiste sur l'efficacité et le potentiel de lutter contre la désinformation.

•      S'il est vrai que les corrections peuvent être inefficaces, voire contre-productives, elles ont tendance à fonctionner la plupart du temps.

•      Bien que la vérification des faits puisse être un outil efficace pour lutter contre la désinformation, les auteurs ont conclu que les messages correctifs devraient idéalement inclure une rétractation ainsi qu'une explication alternative pour les informations trompeuses.