La pandémie de COVID-19 et les mesures pour y répondre ont chamboulé nos vies. La fermeture des espaces de bureaux et des écoles, les restrictions de visite auprès de nos proches et dans les établissements de santé et les centres d’hébergement ont grandement limité notre capacité à maintenir des liens « en présentiel » (comme on dit de nos jours).

Nos vies ont rapidement pivoté vers les plateformes virtuelles de communication afin de rester connectés et vaquer à nos occupations. Du jour au lendemain, les 5 à 7 entre amis, les anniversaires, les réunions de travail, l’école à la maison, les suivis médicaux… tout allait se passer à l’écran.

De plus en plus de personnes se plaignent d’une « fatigue Zoom », expression faisant référence à la populaire plateforme. Cette expression reflète l’anxiété et l’épuisement liés à une sur-utilisation des plateformes virtuelles de communication, comme Zoom, Skype, FaceTime, Google Meet ou encore Microsoft Teams touche les télétravailleurs, mais aussi monsieur et madame Tout-le-Monde. Depuis le début de la pandémie, on répète sans cesse aux aînés, aux aidants et aux familles d’utiliser les technologies pour garder le contact, et ainsi prévenir et contrôler la propagation du virus.

Nous savons que les technologies causent du stress aux personnes âgées, comme en témoignent des études menées en 2016 et en 2020 chez des personnes âgées de 60 ans et plus. Ce techno-stress résulte de l’omniprésence des technologies d’information et de communication dans la société moderne et de leurs impacts : surcharge d’information, atteinte à la vie privée, flou entre la vie publique et personnelle, pression de développer des compétences numériques.(1)

Bien qu’aucune revue systématique robuste n’ait pu être identifiée, des experts (incluant des psychologues, des informaticiens et des neuroscientifiques) lèvent un drapeau rouge. Une sur-utilisation des plateformes virtuelles de communication pourrait mener à des distorsions et une surcharge de signaux non verbaux inhérentes à la communication vidéo. Cela pourrait même aggraver le sentiment d’isolement et d’anxiété.(2)

Ce qui peut contribuer à la fatigue Zoom

Un chercheur de l’Université Stanford aux États-Unis a récemment publié un article sur le phénomène de la fatigue Zoom qui pourrait être attribuable à quatre facteurs principaux.(3)

1- Des contacts visuels excessifs

Lors d’une vidéoconférence, voir les autres en plans rapprochés et se faire dévisager par plusieurs paires d’yeux n’est pas naturel et crée une certaine anxiété de performance.

2- Une surcharge cognitive

Devant la caméra, nous sommes constamment à l’affut de nos gestes pour nous assurer d’envoyer le bon signal aux autres. Par exemple, on se force à hocher la tête pendant de longues secondes ou on lève le pouce pour montrer son accord, etc. Le langage non verbal est ainsi contrôlé, ce qui brouille les signaux envoyés et génère une activité cérébrale intense pour le décoder.

3- Une perte de mobilité

Dans une rencontre en face à face, la communication non verbale se fait inconsciemment et librement. Lors d’un appel téléphonique, les gens peuvent marcher, s’étirer, bâiller, griffonner. Pas devant un écran où on se force à rester immobile et centré devant la caméra. Tout cela réduit grandement notre mobilité et notre bien-être.

4- L’effet miroir

Le fait de se voir à l’écran, sous une lumière peu flatteuse et durant de nombreuses heures peut avoir un effet pervers et générer du stress ou des sentiments négatifs. Personne (ou presque) n’aime se regarder dans le miroir toute la journée !

(Presque) tout est dans la dose

Les inquiétudes liées aux plateformes virtuelles de communication nous rappelle qu’il peut être important de mieux doser leur utilisation. Il n’est pas toujours justifié de choisir la vidéo pour chaque appel que nous faisons. Cela dit, si vous le faites, certains petits gestes pourraient réduire la surcharge cognitive et le stress que vous pourriez ressentir :

- Masquez la caméra pour ne plus voir votre reflet en permanence;

- Réduisez la taille des fenêtres de vos interlocuteurs pour ne plus les voir en grand plans;

- Prenez des pauses pour regarder autour de vous ou vous dégourdir; ou

- Choisissez un endroit différent ou des outils différents pour tenir vos réunions, comme une meilleure chaise ou un clavier portable.

Si vous vous sentez déprimé, irrité, fatigué après vos rencontres en vidéoconférence, n’hésitez pas à proposer à vos amis, vos proches et vos collègues d’utiliser le bon vieux téléphone!