Le secteur des soins de longue durée a été très durement touché par la pandémie de COVID-19. Les établissements de soins de longue durée (parfois appelées les centres d’hébergement et de soins de longue durée, centres de soins infirmiers, ou établissements de soins continus) offrent aux résidents un accès 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 à des soins infirmiers et personnels. Cela comprend généralement plus de soins que ce qui peut être assuré en toute sécurité dans un logement avec services de soutien ou une maison de retraite, mais pas au point de nécessiter une hospitalisation.
Tout au long de la pandémie, de nombreuses questions ont été soulevées sur la façon dont les établissements de soins de longue durée peuvent améliorer la prévention et la gestion des épidémies de COVID-19. Depuis, de nombreux décideurs et parties prenantes se tournent désormais vers le renouvellement du secteur des soins de longue durée et explorent des alternatives aux établissements de soins de longue durée.
Ce que la recherche nous apprend
Une récente revue a examiné les données probantes relatives au renouvellement dans les établissements de soins de longue durée à la lumière de la pandémie de COVID-19. Les auteurs ont également examiné ce qui se faisait au Canada et dans huit autres pays (Australie, France, Finlande, Allemagne, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni, et États-Unis). Ces pays ont été sélectionnés parce qu'ils sont avancés dans leurs approches et leur prestation de soins de longue durée ou parce qu'ils sont de bons comparateurs avec le Canada.
Cette revue a identifié un total de 204 documents très pertinents. Trois thèmes ont été identifiés qui pourraient contribuer au renouvellement des soins de longue durée :
- l'importance de faire des investissements publics dans les soins de longue durée (notamment à la lumière de la pandémie, car les besoins de la population sont élevés et un lourd fardeau de soins a été imposé aux aidants au cours des 18 derniers mois);
- s'assurer que les modèles de soins incluent les soins de la démence et les services de mobilité pour les résidents; et
- les infrastructures physiques obsolètes (par exemple, des conceptions plus anciennes de chambres et d'espaces communs, une mauvaise ventilation, des chambres à plusieurs lits et des établissements plus grands) ont contribué à un taux d'incidence plus élevé de COVID-19 et à une plus faible satisfaction des résidents à l'égard des soins.
Plusieurs thèmes ont été relevés concernant l’amélioration du soutien aux résidents et au personnel, notamment :
- d’importantes pénuries de personnel depuis la pandémie, qui ont été causées par les nombreux travailleurs partis en raison de conditions de travail dangereuses et d'épuisement professionnel ;
- des campagnes d'image publique ainsi qu'un soutien financier à la formation et à l’accès garanti à l'emploi peuvent favoriser le recrutement de nouveaux travailleurs dans les établissements de soins de longue durée ;
- des augmentations de salaires, la disponibilité d'un travail à temps plein (par opposition aux postes à temps partiel) et l’octroi d'avantages équitables, tels que des congés de maladie payés, peuvent améliorer le recrutement et la rétention des travailleurs ;
- les soutiens psychosociaux, y compris le counseling, la thérapie et la formation psycho-éducative pour identifier les signes d’épuisement professionnel, peuvent aider à retenir le personnel ;
- l’application de normes de sécurité telles que les ratios de personnel obligatoires (combien de personnel est nécessaire pour chaque résident), les inspections fréquentes et la divulgation obligatoire d'indicateurs de qualité peuvent améliorer la sécurité et la qualité de l'environnement de travail pour le personnel ainsi que le cadre de vie pour les résidents ;
- la prise de décision partagée avec les résidents et leurs familles ou aidants s’est avérée positive pour les résidents (mais elle nécessite un investissement dans la formation du personnel pour s’assurer qu'elle est dispensée efficacement); et
- les dossiers de santé électroniques interopérables peuvent améliorer la qualité des soins ainsi que la gestion améliorée de la documentation clinique (mais certains établissements de soins de longue durée ont mis du temps à les adopter et à mettre en place une formation et des processus pour soutenir leur utilisation).
Trois thèmes ont également émergé concernant la promotion d’alternatives aux établissements de soins de longue durée :
- fournir des soutiens supplémentaires dans la communauté (par exemple, améliorer l’utilisation des technologies à domicile et étendre les services de soins palliatifs à domicile) peut aider les personnes âgées à rester chez elles plus longtemps et permettre aux personnes âgées et à leurs familles de choisir si (et quand) elles souhaitent aller dans un établissement de soins de longue durée;
- l’augmentation des prestations pour les clients des soins à domicile, y compris l’augmentation du nombre d'heures consacrées aux soins personnels (par exemple, le bain, le nettoyage, la préparation des repas) et la flexibilité du temps de travail et les absences temporaires pour les aidants peuvent contribuer à faire des soins à domicile une alternative plus viable aux soins de longue durée; et
- une meilleure coordination entre les services de soutien à domicile et les fournisseurs de soins primaires peut aider les personnes âgées à vieillir chez elles.
Les réflexions et les débats concernant le renouvellement des soins de longue durée ne sont pas nouveaux. Il reste à voir si le sentiment d'urgence créé par la pandémie sera suffisant pour maintenir cette question en tête de l'agenda gouvernemental et provoquer des changements durables.