La campagne de vaccination contre le COVID-19 est en cours au pays et ailleurs dans le monde depuis quelques semaines. Bien qu'il existe encore des défis en termes d'approvisionnement en vaccins, les décideurs sont également confrontés au défi de communiquer au public leurs plans de vaccination, ainsi que la sécurité et l'efficacité des vaccins. Ceci est particulièrement difficile dans un contexte où de nouvelles informations (et des informations erronées) sur les vaccins contre le COVID-19 émergent quotidiennement. Cela peut exacerber l'hésitation à la vaccination ou nuire à la confiance du public, ce qui peut interférer avec la réalisation des objectifs de vaccination. En effet, on estime que 60 à 80% de la population mondiale doit être vaccinée pour obtenir une «immunité collective» contre le COVID-19. (1, 2) Selon la Clinique Mayo, l'immunité collective (parfois appelée immunité communautaire) se produit lorsque une grande partie d'une communauté (le troupeau) devient immunisée contre une maladie, ce qui rend improbable la propagation de la maladie d'une personne à l'autre.(2)
Pour aider les décideurs canadiens à relever des défis sans précédent liés à la pandémie, le COVID-19 Evidence Network to Support Decision-Making (COVID-END) a examiné ce que l'on sait du déploiement des vaccins contre le COVID-19.(3 ) Ce billet de blogue est le troisième d'une série qui examine les données probantes et les expériences du Canada et d'autres pays concernant le déploiement des vaccins contre le COVID-19. Celui-ci se concentre sur l'ensemble des défis auxquels sont confrontés les décideurs lors de la communication des plans d'attribution des vaccins et sur la sécurité et l'efficacité des vaccins.
Ce que la recherche nous apprend
Les décideurs sont confrontés à de nombreux défis liés à la communication au public de leurs plans de vaccination, mais aussi de la sécurité et de l'efficacité des vaccins.(3) Ils doivent planifier soigneusement les éléments suivants:
Qui devrait être la cible des plans de communication?
- le grand public
- les groupes à haut risque (par exemple, les travailleurs de la santé, les personnes âgées et fragiles, les personnes souffrant de maladies chroniques, les travailleurs essentiels)
- les personnes qui hésitent (ou s'opposent à) la vaccination
Comment devraient-ils communiquer avec eux?
- qui doit communiquer les informations (par exemple, les travailleurs de la santé, les experts en recherche, les enseignants, les chefs d'entreprise, les dirigeants gouvernementaux, les dirigeants communautaires ou les médias)
- à quelle fréquence devons-nous communiquer avec eux (par exemple, chaque jour ou semaine)
- pour combien de temps
- quelle méthode doivent-ils utiliser pour communiquer (par exemple, les plateformes de médias sociaux, les messages textes, les courriels, les appels téléphoniques, la radio, la télévision, les entretiens en face à face par vidéo ou en personne)
Quelles informations devraient leur être communiquées?
- des informations sur la sécurité et l'efficacité en termes de protection contre le COVID-19 (y compris la durée de la protection) et de protection contre la transmission (et d'autres facteurs pouvant contribuer à l'acceptation et à l'hésitation de la vaccination)
- des informations sur les nouveaux types de vaccins, les options vaccinales actuelles (par exemple, le nombre de vaccins disponibles dans le pays, le nombre de doses requises pour un vaccin donné) et les populations prioritaires
- des informations (destinées aux agents de santé) sur les protocoles d'administration des vaccins
- des informations pour lutter contre les mythes et la désinformation sur les vaccins
- des informations sur le moment prévu du moment où tous ceux qui veulent un vaccin auront été vaccinés
Les recherches révèlent que l'hésitation à la vaccination est universelle et s'observe dans tous les pays. Une revue rapide de qualité moyenne a révélé qu'une telle hésitation se manifestait généralement par la préférence d'attendre avant d'être vacciné ou de rejeter complètement la vaccination. Les raisons les plus citées pour l'hésitation ou le refus de se faire vacciner comprenaient la peur des effets secondaires, les incertitudes quant à la sécurité et l'efficacité, ainsi que le développement accéléré des vaccins contre le COVID-19, les interférences politiques perçues dans le processus d'approbation et la désinformation.
Mais de nombreuses organisations ont produit des lignes directrices fondées sur des données probantes pour aider les décideurs dans leurs efforts de communication. Par exemple, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a produit des lignes directrices fournissant des informations sur les facteurs susceptibles de contribuer à l'acceptation et à l'adoption des vaccins. Ces lignes directrices sont basées sur des recherches comportementales (les types de recherche examinant quand et pourquoi les individus se comportent comme ils le font) qui a montré que l'acceptation et l'utilisation des vaccins peuvent être augmentées en utilisant trois types de stratégies:
- créer un environnement favorable - rendre la vaccination facile, rapide et abordable
- exploiter les influences sociales - en particulier celles de personnes qui sont particulièrement fiables et identifiées avec les membres des communautés concernées
- accroître la motivation - grâce à une communication ouverte et transparente sur l'incertitude et les risques, ainsi que sur la sécurité et les avantages de la vaccination
Les lignes directrices de l'OMS ont également souligné que les interventions de communication devraient être adaptées pour atténuer les inégalités, en particulier pour les groupes ethniques (les communautés noires, asiatiques et minoritaires) qui ont des taux d'infection, de morbidité et de mortalité plus élevés, ainsi que pour les populations non vaccinées ou sous-vaccinées.
Une revue rapide de qualité moyenne a également indiqué que la communication d'informations fiables, fréquentes et adaptées sur les vaccins devrait être partagée avec les membres de la communauté par le biais de multiples plateformes (par exemple, les médias sociaux, les médias traditionnels et via les professionnels de la santé). La revue a également souligné que les professionnels doivent être éduqués sur les vaccins et recevoir une formation appropriée pour augmenter les recommandations relatives à la vaccination auprès de leurs patients.
Pour la suite des choses
Au fur et à mesure que la pandémie évolue, les plans de communication devront être adaptés pour répondre à de nouveaux événements (par exemple, de nouvelles variantes, de nouvelles données probantes sur l'efficacité des vaccins contre de nouvelles variantes, ou des cas possibles d'événements indésirables suite à la vaccination). Dans le quatrième billet de notre série, nous examinerons les défis liés à l'administration des vaccins COVID-19 de manière à optimiser l'adoption du vaccin en temps opportun.