Après des mois d'attente, les campagnes de vaccination ont enfin commencé afin de lutter contre la pandémie COVID-19. Bien que les systèmes de santé soient habitués à mener des campagnes de vaccination, la pandémie mondiale de COVID-19 pose de nombreux défis. Par exemple, dans un contexte d'approvisionnement limité en doses de vaccin, qui doit être priorisé et pour quelles raisons?
Pour aider les décideurs canadiens à relever les défis sans précédent liés à la pandémie, le COVID-19 Evidence Network to Support Decision-Making (COVID-END) a examiné ce que l'on sait concernant le déploiement des vaccins contre le COVID-19.(1 ) Ce billet de blogue est le deuxième d'une série qui examine les données probantes et les expériences du Canada et d'autres pays concernant le déploiement du vaccin COVID-19. Il se concentre sur l'ensemble des défis auxquels sont confrontés les décideurs, notamment:
- comment développer et ajuster les règles d'allocation des vaccins;
- quelles sont ces règles d'allocations; et
- comment garantir l'équité dans l'attribution des vaccins et autres équipements nécessaires.(1)
Ce que la recherche nous apprend
L'Organisation mondiale de la Santé a développé un cadre composé de six principes clés pour guider l'allocation des vaccins contre le COVID-19 et déterminer les groupes prioritaires:
1) Bien-être ("protéger et promouvoir le bien-être, y compris la santé, la sécurité sociale et économique, les droits de l’homme et les libertés civiles, et le développement de l’enfant.")
2) Égalité de respect ("reconnaître et traiter tous les êtres humains comme ayant un statut moral égal et leurs intérêts comme méritant une considération morale égale.")
3) Équité mondiale ("garantir l’équité de l’accès aux vaccins et des avantages de la vaccination à l’échelle mondiale parmi les peuples de tous les pays, en particulier ceux qui vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire.")
4) Équité nationale ("garantir l’équité de l’accès aux vaccins et des avantages de la vaccination au sein des pays pour les groupes sur lesquels pèsent des charges plus lourdes en raison de la pandémie de COVID-19.")
5) Réciprocité ("honorer les obligations de réciprocité envers les individus et les groupes au sein des pays qui assument un risque et une charge liés à la réponse à la COVID-19 sensiblement plus élevés pour préserver la société.")
6) Légitimité ("prendre des décisions à l’échelle mondiale concernant l’attribution des vaccins et des décisions au niveau national pour déterminer les groupes à vacciner en priorité au moyen de processus transparents fondés sur des valeurs communes, sur les meilleures données scientifiques disponibles et sur une représentation et une contribution appropriées des parties concernées.") (2)
Ceci est cohérent avec des agences nationales qui ont développé des cadres similaires. Par exemple, le Comité consultatif américain sur les pratiques d'immunisation a recommandé une approche guidée par quatre principes: 1) maximiser les avantages et minimiser les méfaits; 2) promouvoir la justice; 3) atténuer les inégalités en matière de santé; et 4) promouvoir la transparence. Ces quatre principes doivent être accompagnés de considérations supplémentaires fondées sur les meilleures données probantes disponibles (par exemple, ce que l'on sait sur la sécurité et l'efficacité des vaccins) et sur la faisabilité de la mise en œuvre des campagnes de vaccination (par exemple, le stockage et la manipulation des vaccins).(3)
Cela correspond également à l'approche utilisée au Canada. En effet, l'administrateur en chef de la santé publique du Canada a indiqué qu'une répartition équitable des vaccins lorsque l'approvisionnement est limité doit prendre en compte les personnes les plus exposées au risque et celles qui peuvent subir les conséquences plus graves, la faisabilité et l'acceptabilité des vaccins, ainsi que d'autres considérations éthiques.(4)
À la lumière de ces principes, la plupart des pays qui ont commencé leurs campagnes de vaccination ont donné la priorité aux travailleurs de la santé, aux résidents de soins de longue durée et à certaines autres populations à risque (par exemple, les personnes âgées, les personnes atteintes de maladies chroniques et les adultes à risque, ainsi que les communautés autochtones). (1)
Au fur et à mesure que les campagnes de vaccination de masse se dérouleront, les règles et les priorités d'attribution pourront être adaptées pour répondre à l'approvisionnement en vaccins et à d'autres considérations (par exemple, la diffusion de nouvelles variantes). Dans la troisième partie de notre série, nous examinerons les défis de la communication sur la façon dont les vaccins seront attribués et sur la sécurité et l'efficacité des vaccins.