Les méfaits liés à la consommation d'alcool suscitent de plus en plus d'inquiétudes dans le monde.(1) L'usage nocif de l'alcool a entraîné environ trois millions de décès dans le monde en 2016 (soit 5,3% de tous les décès dans le monde).(1) En 2018, il a été estimé qu'environ 6 millions de Canadiennes et Canadiens (âgés de 12 ans et plus) avaient une consommation abusive d'alcool. Parmi ceux-ci, 22,9% avaient entre 50 et 64 ans et 7,4% étaient âgés de 65 ans et plus (2). Cette situation met en évidence l’importance des politiques, programmes et services visant à réduire la consommation abusive d’alcool.
Les programmes de gestion de la consommation d'alcool sont une approche de réduction des méfaits pour les personnes fortement dépendantes de l'alcool, souvent sans domicile fixe ou instables en matière de logement.(3; 4) L'Association canadienne pour la santé mentale définit la réduction des méfaits comme une approche fondée sur des données probantes et centrée sur le client qui vise à réduire les conséquences sanitaires et sociales nuisibles qui sont associées à la toxicomanie, sans obliger nécessairement les personnes qui consomment de l'alcool et d'autres drogues à s'abstenir ou à s'arrêter.(5)
Les personnes qui participent à des programmes de gestion de la consommation d’alcool ont eu plusieurs tentatives répétées de désintoxication et de traitement, et font souvent face à de grandes lacunes en matière de services de santé et sociaux. Les programmes de gestion de la consommation d’alcool offrent un accès contrôlé à l’alcool (par exemple, des doses de vin, de bière ou de sherry à des heures prédéfinies pendant la journée) et remplacent les autres formes dangereuses d'alcool (par exemple, rince-bouche, désinfectant pour les mains et fixatif pour les cheveux).(4) Ces programmes sont principalement axés sur la réduction des méfaits (par exemple, réduire les comportements antisociaux, stabiliser de manière sûre la consommation et remplacer les formes dangereuses d'alcool par des breuvages alcoolisés).(6)
Le premier premier programme de gestion de la consommation d'alcool a été créé à Toronto il y a plus de 20 ans à la suite d'une enquête du coroner qui avait déterminé que trois hommes sans-abri étaient morts de froid après avoir été refoulés par des refuges en raison de leur dépendance à l'alcool.(4) Le nombre de programmes a considérablement augmenté depuis (23 programmes situés dans cinq provinces - Colombie-Britannique, Alberta, Saskatchewan, Manitoba et Ontario). Ces programmes sont offerts dans divers milieux (refuges, logements supervisés et hôpitaux) et à des populations spécifiques (sans-abri chroniques, peuples autochtones et personnes âgées).
À l'instar d'autres approches visant à réduire les méfaits (par exemple, les centres d'injection supervisée pour les toxicomanes), les programmes de gestion de la consommation d'alcool suscitent des interrogations parmi le public. En fournissant de l'alcool à des alcooliques chroniques, les abandonnons-nous ou aggravons-nous la situation? Est-ce un mal nécessaire pour aider à gérer leur dépendance et à assurer leur sécurité?
Que nous apprend la recherche
Une synthèse rapide récente réalisée par le McMaster Health Forum a examiné l’efficacité des programmes de gestion de la consommation d’alcool pour aider les personnes souffrant de problèmes graves liés à l’alcool.(7) Il existe encore peu de recherches sur le sujet, mais des recherches sont actuellement menées dans le cadre d'une étude sur les programmes de gestion de la consommation d'alcool au Canada par l’Université de Victoria.
Néanmoins, la synthèse rapide a révélé les données probantes suivantes à l’appui des programmes de gestion de la consommation d’alcool:
1) diminution du nombre de boissons alcoolisées consommées par jour;
2) sécurité et qualité de vie accrues;
3) réduction de l'incidence des méfaits liés à l'alcool;
4) moins d'interactions policières;
5) diminution des visites aux services d'urgence et des admissions à l'hôpital;
6) aucune différence significative au niveau des individus ou des groupes dans les tests de la fonction hépatique; et
7) des économies de coûts potentielles (par la réduction des dépenses en soins de santé et en services d'urgence).
Reconnaître les signes et demander de l'aide
Le Centre de toxicomanie et de santé mentale a identifié les principaux signes de problèmes d'alcool chez les personnes âgées, notamment:
- perte de coordination, chutes et troubles de la parole;
- des problèmes de sommeil;
- soins personnels négligés (par exemple, ne pas prendre son bain, ne pas manger ou ne pas bien manger, ne pas s'occuper de ses problèmes de santé);
- irritabilité, dépression ou confusion;
- problèmes d'estomac, manque de désir de manger;
- créer des excuses ou des histoires pour dissimuler ses problèmes d’alcool;
- tension dans les relations, perte de contact avec les amis ou la famille;
- manque d'intérêt pour les activités habituelles, désir de rester seul la plupart du temps; et
- signes de sevrage de l'alcool (par exemple, pouls, tremblements et agitation) (8).
Il est important de se rappeler que ces signes peuvent ressembler à des problèmes de médication. Donc, si vous ou un être cher avez l’un de ces signes:
- demandez l'aide d'un professionnel de la santé; et
- adressez-vous à un service d'assistance téléphonique ou aux services de santé et sociaux spécialisés dans le traitement de la toxicomanie de votre province ou territoire
Le contenu de ce billet de blogue est basé sur une synthèse rapide préparée par le McMaster Health Forum: Mattison CA, Belesiotis P, Wilson MG. Rapid synthesis: Determining the features of managed alcohol programs. Hamilton, Canada: McMaster Health Forum, 11 février 2019.