Plusieurs l’attendent avec impatience, d’autres la redoutent… Si la retraite est synonyme de liberté pour plusieurs, pour d’autres elle amène son lot d’angoisse et de questionnements.
Les perceptions, les attentes et les efforts de planifications à l’égard de la retraite peuvent donc varier d’un individu à l’autre. Mais quels sont les principaux facteurs qui influencent la période de transition entre le marché du travail et la retraite?
Ce que la recherche nous apprend
Une revue systématique récente a examiné 230 études menées dans des pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).(1) Voici un survol des huit principaux facteurs qui semblent influencer les perceptions, les attentes et les efforts de planifications à l’égard de la retraite :
Figure 1. Huit facteurs influençant les perceptions, les attentes et la planification à l’égard à la retraite
Le genre
Il semble y avoir des différences notables entre les hommes et les femmes quant aux attitudes à l’égard de la retraite, le niveau de préparation à la retraite, et la capacité d’ajustement à la retraite. De façon générale, les études révèlent que les hommes ont une attitude plus positive à l’égard de la retraite et s’engagent davantage dans la planification de la retraite que les femmes (ces dernières faisant souvent état d’incertitudes dans la préparation à la retraite). Ces différences prennent racines dans les différences individuelles et historiques relatives à la participation des hommes et des femmes au marché du travail (les femmes ayant un plus lourd fardeau comme proches aidantes et étant bien souvent en situations plus précaires). Les plans de retraite des femmes sont beaucoup plus étroitement liés à leur état de santé et à celui de leurs partenaires que les hommes. Enfin, les femmes semblent avoir plus de difficulté à s’adapter à la retraite que les hommes.
La situation socio-économique
Les études révèlent que c’est davantage la perception que les gens ont de leur situation financière, plutôt que leur situation réelle, qui influence leur sentiment d'adaptation à la retraite. Cela dit, les personnes en meilleure situation financière sont plus susceptibles de planifier leur retraite. De plus, les personnes issues de groupes socio-économiques défavorisés ont généralement des expériences plus négatives de la retraite.
Les caractéristiques ethnoculturelles
Peu d’études se sont penchées sur les différences ethniques et culturelles à l’égard de la retraite, ce qui empêche les chercheurs de tirer des conclusions définitives. Cela dit, certaines études indiquent que les personnes issues de minorités ethnoculturelles ont tendance à avoir des attentes plus positives face à la retraite. Toutefois, celles-ci planifient moins la retraite et leurs situations économiques durant leur retraite sont souvent plus précaires.
La situation familiale
Il existe une littérature assez abondante sur l’impact de la situation familiale, en particulier l’état matrimonial, sur la santé et le bien-être durant la retraite. Dans l’ensemble, le mariage est associé à une meilleure planification de la retraite. De plus, la collaboration au sein d’un couple marié peut les aider durant la période de transition à la retraite. Cela dit, les chercheurs notent que les études recensées avaient un biais « hétéro-normatif », c’est-à-dire qu’elles portaient essentiellement sur des couples hétérosexuels et négligeaient ainsi les couples de mêmes sexes.
L’état de santé
Il est bien connu que les personnes ayant des problèmes de santé risquent de prendre leur retraite plus tôt que celles en bonne santé. De plus, un mauvais état de santé est souvent associé à une moins bonne planification de la retraite. Toutefois, les personnes ayant un handicap auront tendance à planifier plus minutieusement leur retraite. Quand des problèmes de santé entraînent une retraite anticipée, cela semble avoir un impact négatif sur la capacité d’adaptation à la retraite.
Les attitudes face au vieillissement
Comment nous percevons le monde et comment les autres nous perçoivent peut avoir un impact considérable sur ce que nous faisons, à quel moment et de quelle la manière. L’âgisme en milieu de travail (c’est-à-dire les formes de discrimination, d’exclusion et les préjugés fondés sur l’âge) peut encourager les travailleurs âgés à prendre leur retraite plus tôt (en particulier les hommes âgés). À l’inverse, des points de vue positifs sur le vieillissement et la retraite semblent être associés à une meilleure planification de la retraite et à l'intention de prendre une retraite anticipée.
Le travail et la profession
La nature du travail (et les perceptions des travailleurs âgés concernant leur profession et leur milieu de travail) joue un rôle déterminant dans le moment où l’on prend sa retraite et de l'expérience de la retraite. À titre d’exemple, les personnes ayant peu d’autonomie professionnelle ont tendance à prendre une retraite anticipée. De plus, lorsque le travail est important pour l’identité d’une personne, la retraite devient alors une source de conflits et d’anxiété.
La préparation et le sentiment de contrôle
Les retraités qui n’ont pas pris le temps de planifier leur retraite ne se sentent généralement pas en contrôle et vivent davantage d’effets négatifs et de stress. Dans l’ensemble, les études révèlent un manque de préparation et de planification généralisé en vue de la retraite. Cela peut être exacerbé chez les personnes qui vivent un déclin des capacités cognitives liées au vieillissement. Un tel déclin peut avoir un impact majeur sur la préparation à la retraite et le sentiment de contrôle des gens.
Planifiez dès aujourd’hui
Nous ne sommes pas tous égaux face à la retraite. Cela dit, nous pouvons tous prendre des moyens afin de s’y préparer dans le but de vivre une période de transition la plus harmonieuse possible.
- Clarifiez vos attentes et vos préférences à l’égard du travail et de la retraite, et ce, à la lumière de votre situation personnelle et familiale.
- Réfléchissez à quels rôles significatifs vous pourriez jouer dans votre nouvelle vie de retraité.(2)
- Exercez vos compétences en littératie financière. Il s’agit d’une compétence essentielle, en particulier à la retraite, car les aînés et leurs proches aidants sont confrontés au défi de préparer un budget réaliste basé sur des revenus fixes et souvent limités, tout en conciliant de nombreuses dépenses prioritaires.(3)