Les citoyens devraient pouvoir participer aux décisions qui les affectent (par exemple, être en mesure de participer aux décisions des systèmes de santé et de services sociaux ou aux décisions affectant leur communauté). Après tout, il s’agit d’un des piliers de la démocratie.(1) Cependant, le rôle des citoyens a considérablement évolué avec les progrès récents en matière de technologies de l’information et de la communication. Les débats publics, ainsi que les consultations menées par les gouvernements, se déroulent de plus en plus en ligne, y compris sur les médias sociaux.
Les plateformes de médias sociaux populaires incluent Facebook, Twitter, Instagram, WhatsApp, Google+, MySpace, LinkedIn et bien d’autres. Bien que chacune ait ses propres caractéristiques, ces plateformes partagent également certaines caractéristiques communes. Les médias sociaux sont accessibles via les technologies Internet sur des ordinateurs, ainsi que sur des appareils mobiles tels que les téléphones intelligents et les tablettes. Ils sont interactifs et s'appuient sur du contenu généré par les utilisateurs (que ce soit des commentaires, discussions, photos ou vidéos, par exemple). Ils peuvent faciliter la création de réseaux en ligne en mettant en relation des individus et des groupes partageant les mêmes intérêts et objectifs.(2)
Les médias sociaux sont devenus des outils courants en politique. Ils ont souvent été présentés comme des outils démocratiques capables de renforcer le pouvoir d'agir de leurs utilisateurs, mais des rapports récents ont également soulevé des préoccupations concernant les risques de manipulation sur les médias sociaux.(3) Mais une question demeure: que sait-on de l’utilisation des médias sociaux par les citoyens âgés qui souhaitent faire entendre leurs voix?
Ce que nous apprend la recherche
Une revue systématique a examiné comment les citoyens âgés envisageaient d'utiliser des outils en ligne, tels que les médias sociaux, pour participer à des débats publics et plaider en faveur de changements politiques.(4) Malheureusement, peu d'études ont abordé cette question jusqu'à présent. La majorité des études ont porté sur l'utilisation des réseaux sociaux par les personnes âgées pour socialiser avec la famille et les amis, ou encore pour obtenir des informations de santé.
Des études ont toutefois mis en lumière des obstacles importants à l'utilisation des médias sociaux par les citoyens âgés. Par exemple, les structures actuelles des médias sociaux semblent limiter la participation des citoyens âgés ou les exclure carrément des débats publics en ligne. Par exemple, la conception des outils informatiques et des plateformes en ligne est rarement adaptée aux besoins et aux capacités des personnes âgées. De même, les médias sociaux ont mené à l'élaboration de nouvelles normes sociales (souvent complexes) qui régissent les activités sur ces plateformes en ligne, mais également le développement d'un nouveau langage pour communiquer (avec de nouveaux mots, acronymes et abréviations). Les citoyens âgés semblent moins familiers avec ces normes et ce nouveau langage. De plus, ils expriment souvent des préoccupations au sujet de la protection de la vie privée en ligne qui nuisent à leur désir et capacité à partager de l'information. Enfin, les revenus limités, ainsi que les capacités cognitives et physiques associées au vieillissement, semblent ralentir l’adoption des médias sociaux par certains citoyens âgés. Ces facteurs peuvent contribuer à un désengagement des citoyens âgés des débats publics sur les médias sociaux.
Alors, devrions-nous oublier les médias sociaux pour engager les citoyens âgés? Pas nécessairement. Les médias sociaux restent prometteurs à bien des égards. Ils peuvent aider à partager et à accéder rapidement à de l'information et permettre aux personnes de participer aux débats publics de n’importe où, à tout moment et sans restrictions liées à la mobilité ou à la géographie. Cependant, pour que les médias sociaux soient pertinents pour les citoyens âgés, des obstacles importants doivent être surmontés. Ces obstacles vont au-delà de l’accès à l’équipement informatique ou à Internet, ou de l’amélioration de la capacité des citoyens âgés à utiliser les médias sociaux. Les citoyens âgés doivent être activement impliqués dans la conception d’environnements en ligne plus inclusifs et répondant à leurs besoins spécifiques.