Les changements démographiques signifient qu'il y a de plus en plus de personnes âgées sur le marché du travail, à un moment où il n'y a pas assez de jeunes travailleurs pour combler les vides potentiels sur le marché du travail. Au Canada, les personnes de 25 à 54 ans, considérées comme le groupe d'âge actif «principal», représentaient seulement 49% de la population en 2016, soit une baisse de 5% en seulement 10 ans, selon Statistique Canada. Cette proportion devrait encore diminuer, pour atteindre 46% d'ici 2026 (1).
Entre-temps, la proportion de personnes de 55 ans et plus continue de croître, et puisque ce groupe d'âge est moins susceptible de demeurer sur le marché du travail, ce changement démographique pourrait créer des défis pour l'économie canadienne.
De nombreux autres pays font face à des défis similaires, et il est de plus en plus important de prolonger la vie professionnelle des adultes capables de soutenir des économies en santé qui profitent à tous les citoyens.
Certains travailleurs finissent par quitter le marché du travail plus tôt que ce qui aurait été considéré comme leur date de retraite naturelle en raison d'une invalidité. Dans ces cas, est-il possible que certaines de ces invalidités aient pu être évitées grâce à de meilleures conditions de travail?
Une revue systématique récente a identifié 39 études qui ont analysé une variété de conditions de travail. Cette revue a compilé des renseignements sur les facteurs psychologiques, sociaux et organisationnels les plus susceptibles de contribuer à la décision d'un employé de choisir la retraite anticipée pour cause d'invalidité (2).
Ce que la recherche nous apprend
Dans le cadre de cette revue systématique, l'invalidité était définie comme l'incapacité générale à accomplir son travail, en raison de problèmes physiologiques, de la difficulté à accomplir des tâches spécifiques ou de problèmes lors de la participation à des tâches ou à des relations sociales associées au travail.Les études examinaient des facteurs tels que les exigences professionnelles (physiques et psychologiques), le contrôle exercé par les travailleurs sur leur travail, le travail monotone, le soutien social, les heures de travail, les changements organisationnels tels que la réduction des effectifs, le développement et la formation, et les déséquilibres entre les efforts et les récompenses.
Dans l'ensemble, la revue systématique a révélé que le faible contrôle sur votre milieu de travail était le facteur le plus souvent associé à une invalidité subséquente. Vingt-quatre des 39 études portaient sur les aspects du contrôle du travail, qui se rapportaient à la liberté de choisir entre des alternatives dans son travail. Ces études ont porté sur diverses professions dans les pays nordiques, notamment les infirmières, les employés municipaux et de la fonction publique, les éboueurs et les agriculteurs. Des aspects du contrôle du travail, tels que la latitude de décision au travail et la discrétion en matière de compétences, ont été associés au départ à la retraite dans 18 des 24 études.
Le stress au travail, décrit comme une combinaison d'un niveau élevé de demande et d'un faible niveau de contrôle, était un autre prédicteur important de départ à la retraite, selon quatre des six études examinant spécifiquement ce facteur. Cependant, il y avait des données probantes très limitées que le niveau de demande dans l'emploi en général prédit la retraite anticipée pour cause d'invalidité.
Une conclusion qui peut sembler surprenante pour certains était qu'il y avait peu de données probantes suggérant que le travail de soir et de nuit, le travail par quarts ou de longues heures (plus de 60 par semaine) menaient à une retraite anticipée pour cause d'invalidité.
Il y avait aussi des données probantes limitées que la réduction des effectifs, les changements organisationnels, le manque de développement des employés, les tâches répétitives ou les déséquilibres efforts-récompenses étaient des prédicteurs de la retraite anticipée pour cause d'invalidité. Cependant, les auteurs de la revue systématique soulignent que des recherches supplémentaires pourraient être nécessaires pour confirmer ces résultats.
Les résultats de cette revue systématique démontrent que de nombreux facteurs peuvent jouer un rôle dans la décision d'un employé de quitter prématurément le marché du travail pour cause d'invalidité. Certains de ces facteurs pourraient être atténués par des gestionnaires, des chefs de file du milieu du travail et des propriétaires d'entreprises qui seraient plus conscients des changements nécessaires à apporter à l'environnement de travail.