« Les personnes [atteintes de diabète] ont des lésions à la plante des pieds comme d’autres ont des trous à la semelle de leurs chaussures » - Dr Perry Mayer
Les yeux sont peut-être le miroir de l’âme mais les pieds supportent tout ce que nous sommes et faisons et ils méritent qu’on soit aux petits soins avec eux. C’est vrai pour quiconque mais spécialement pour les gens atteints de diabète.
Plus de trois millions de Canadiens vivent avec un diagnostic de diabète et un nombre encore plus grand n’est pas encore diagnostiqué ou est pré-diabétique (1). Le risque accru de développer des ulcérations du pied diabétique, des plaies ouvertes ou des lésions aux pieds, constitue une des préoccupations majeures du diabète (2, 3). Les personnes atteintes de diabète sont 15 fois plus susceptibles que les personnes non-diabétiques de développer au cours de leur vie une ulcération du pied (4) qui, si elle n’est pas soignée, peut s’infecter et possiblement mener à l’amputation et même la mort (5, 6). Les infections des pieds sont la cause la plus fréquente d’admission à l’hôpital pour les Canadiens atteints de diabète et on estime que 85 % de toutes les amputations subies par les personnes atteintes de diabète sont la conséquence d’ulcérations du pied diabétique qui ne guérissent pas (2, 7).
Dr Perry Mayer, un spécialiste et une autorité en matière de soins du pied diabétique, affirme que plusieurs problèmes liés entre eux rendent les gens atteints de diabète plus susceptibles de souffrir de problèmes des pieds mais la neuropathie – une atteinte des nerfs – est au cœur du problème. En plus d’une perte de sensibilité, les symptômes comprennent une sécheresse extrême de la peau, de la faiblesse et une perte de l’équilibre (2).
« Les personnes diabétiques atteintes de neuropathie ne ressentent pas la douleur, la pression ou la température » affirme Dr Mayer. « Elles pourraient mettre les pieds dans un bain d’eau bouillante sans le sentir : en fait, elles ressentent comme du froid l’engourdissement de leurs pieds – au point de mettre les pieds directement sur un appareil de chauffage et de se brûler ».
La perte de sensibilité signifie que les personnes peuvent mettre le pied sur un objet pointu – un éclat de verre ou un caillou aux arêtes tranchantes – sans s’en rendre compte si bien qu’elles ne retirent pas l’objet ni ne soignent la plaie ouverte. Les gens atteints de diabète ont d’autres symptômes qui aggravent la situation, dont une sécheresse de la peau qui provoque de graves fissures des talons et des déformations musculaires qui causent encore plus de dommages à la peau et aux tissus déjà endommagés (2). Ajoutez à cela une mauvaise circulation sanguine et une capacité réduite de guérison et les gens atteints de diabète font face à une véritable catastrophe sous la forme des ulcères du pied diabétique.
Comment peut-on prévenir le pied diabétique ?
Être conscient des signes et des symptômes – la perte de sensibilité, l’engourdissement, les fourmillements -- et rester vigilant est un début. Il y a des façons simples pour les patients et les membres de la famille de tester ces changements ou ces signes de l’infection à la maison (7,8,9). Mais comme le souligne Dr Mayer, on décrit souvent le diabète comme la « maladie sans symptômes » parce que les gens ne les perçoivent pas au début et quand ils le font, leur état de santé s’est considérablement dégradé.
C’est pourquoi il conseille à chaque personne diabétique d’examiner ses pieds, de les laver et de les hydrater tous les jours, d’être à l’affût des coupures, des fissures, des ampoules, de la sécheresse, de l’épaississement des ongles, de décoloration et des plaies ouvertes. Il recommande de porter des chaussures bien ajustées et « de ne jamais, jamais se promener pieds nus ! » Ce conseil apparaît dans les directives publiées sur la prise en charge et la prévention des problèmes de pieds chez les personnes atteintes de diabète (2, 10).
Dr Mayer recommande aussi à toutes les personnes atteintes de diabète un dépistage régulier par un médecin ou un spécialiste du pied, ainsi qu’un suivi rigoureux et un entretien soigné. « La bonne nouvelle est que la recherche indique qu’on peut éviter 85 % des amputations du pied diabétique » (2,11). Les données montrent que des évaluations des pieds, des discussions avec le médecin sur la façon appropriée de prendre soin de vos pieds et des visites de suivi réduisent de façon significative les problèmes de pieds (9).De nouvelles façons d’estimer le risque pour un patient de développer des ulcérations du pied aident les médecins à mieux les prédire et les prévenir (12, 13). Toutefois les médecins ne font pas souvent le dépistage des ulcérations et ne les remarquent pas avant qu’elles ne soient devenues un grave problème (14). Il faut donc que le patient joue un rôle important dans la prévention des ulcérations du pied. Comme le dit Dr Mayer, l’autoprise en charge, pour la prévention et le traitement des ulcérations du pied « aidera ultimement à sauver des vies » (5,6).