Vous souvenez-du temps où les médecins faisaient des visites à domicile ? Si non, vous aurez entendu vos aînés en parler ou vous aurez l’image mentale – probablement basée sur de vieux films – d’un gentil monsieur marchant dans la rue sa trousse à la main. De nos jours, les visites du médecin à domicile ne sont pas complètement disparues mais elles se font rarissimes, particulièrement dans les grands centres urbains (1). Pour une gamme de raisons y compris des préoccupations de temps, d’argent, de transport et de sûreté (2), « aller chez le docteur » remplace « appeler le docteur ».
Cependant qu’en est-il des gens qui ont besoin de soins médicaux mais qui ont de la difficulté avec le fait « d’aller chez le docteur » ? À tout moment, il y a 100 000 adultes confinés à domicile au Canada, la plupart d’entre eux sont âgés, frêles et accablés d’une multitude de problèmes médicaux et sociaux (3). Leur situation rend difficile – sinon impossible – une visite chez le médecin ou à la clinique si bien qu’ils n’y vont pas – jusqu’à ce qu’une crise les y force et, à ce point, ils aboutissent au service des urgences ou à l’hôpital (4).
Cela a mené au développement de programmes de soins de santé primaires à domicile et il y a un fort intérêt à découvrir s’ils constituent une option viable pour la prestation de soins de santé à ce segment vulnérable de la population.
Une revue systématique de haute qualité de neuf études apporte un éclairage. Les études évaluaient l’impact des soins de santé primaires dispensés à domicile sur des résultats comme la fréquence des visites des personnes âgées au service des urgence ou leur admission à l’hôpital ou en soins de longue durée ainsi que la durée de tels séjours. Les études mesuraient aussi les effets sur les patients et sur leurs aidants (par exemple, leur satisfaction à l’égard des soins et leur qualité de vie) et l’impact sur les coûts des soins de santé (5).
Plus de 46 000 participants – tous des adultes âgés de 65 ans et plus et confinés à domicile – ont reçu des soins de santé primaires à domicile dispensés par une équipe intégrée de professionnels de la santé y compris des omnipraticiens, des gériatres, des infirmiers praticiens spécialisés, des auxiliaires médicaux, des travailleurs sociaux, des physiothérapeutes, des diététiciens et des hygiénistes dentaires. Les approches variaient mais la plupart comprenaient une évaluation initiale et le développement d’un plan de soins, des visites de suivi ou des appels téléphoniques périodiques, des visites d’urgence au besoin et des réunions régulières de l’équipe de soins de santé (5).
Ce que la recherche nous apprend
Il y a des preuves solides que les soins de santé primaires dispensés à domicile aident à améliorer la santé des patients. Par exemple, après avoir reçu des soins médicaux à domicile régulièrement, les personnes âgées sont admises moins souvent à l’hôpital ou dans un établissement de soins de longue durée ou passent moins de temps en soins institutionnels. De plus ils indiquent, ainsi que leurs aidants naturels, une plus grande satisfaction à l’égard des soins, jouissent d’une meilleure qualité de vie et jouent un rôle plus actif dans la prise de décision concernant leur santé et leur fin de vie.
Les soins primaires à domicile pourraient également être une option prometteuse pour les personnes âgées atteintes de maladies chroniques (6; 7). Une revue systématique montre que des visites à domicile par les prestataires de soins de santé peuvent améliorer la glycémie, la tension artérielle et la qualité de vie chez les personnes atteintes de diabète (6). Une autre revue a conclu que ce type de soins peut encore mieux répondre aux besoins des personnes âgées malades chroniques que les soins en milieu hospitalier. Les personnes âgées les plus exposées au risque d'hospitalisation ont le plus grand potentiel pour tirer bénéfice de ce service (7).
Les composantes essentielles du succès d’un programme de soins de santé primaires à domicile comprennent : une évaluation gériatrique complète de chaque patient au début, une équipe de soins interprofessionnelle intégrée, des réunions périodiques de l’équipe de soins, et un soutien téléphonique en dehors des heures ouvrables pour les urgences (5).