Les risques en matière de santé associés à la cigarette sont nombreux, graves et bien documentés. Que nous fumions ou non, nous savons tous que c’est une habitude dommageable et qu’il y a de sérieuses raisons d’abandonner. Mais en voici une autre à laquelle on ne pense pas avant d’être confronté à la situation : les fumeurs sont significativement plus susceptibles de ressentir des complications après avoir subi une intervention chirurgicale (1).
Les risques sont plus grands en raison de la manière dont le tabagisme affecte le corps, spécialement le cœur et les poumons. La présence de nicotine dans la circulation sanguine exerce une pression accrue sur le cœur durant l’anesthésie alors que le monoxyde de carbone dans le sang interfère avec la livraison de l’oxygène à travers tout l’organisme – fait essentiel à la guérison (2). Le tabagisme endommage les parois du poumon, exposant les fumeurs à un risque plus élevé de pneumonie et de d’autres difficultés respiratoires (3). Encore pire, le système immunitaire des fumeurs est souvent affaibli si bien qu’ils sont moins aptes à combattre les infections résultant de la chirurgie ou survenant durant le rétablissement (4).
La solution serait que les gens abandonnent le tabagisme – pour de bon – avant la chirurgie élective. Mais comme quiconque a essayé de cesser de fumer le sait, ce n’est pas si simple. Cependant y parvenir même pendant un court laps de temps – un jour ou deux – minimiserait les problèmes potentiels avant et après la chirurgie (2,5).
Comment peut-on favoriser cela ? Une revue systématique de 13 essais cliniques aléatoires a cherché à savoir si les traitements d’abandon du tabagisme avant une chirurgie sont efficaces à court et à long terme et s’ils mènent à moins de complications (6). Les études faisaient appel à 1 210 participants au total qui tous allaient subir une chirurgie élective pour divers problèmes de santé. Ils ont reçu des traitements comportementaux comprenant du counseling en personne, par téléphone ou par ordinateur qui était soit de nature brève (en général une courte séance d’information quelques jours avant la chirurgie) soit intensif --- des séances hebdomadaires pendant une période de quatre à huit semaines. On offrait à certains participants une thérapie de remplacement de la nicotine ou d’autres médicaments en plus des traitements comportementaux.
Ce que la recherche nous apprend
Il y a des preuves modestes que les traitements comportementaux avant la chirurgie aident les fumeurs à abandonner le tabagisme, au moins à court terme. Comparativement au groupe témoin (peu ou pas de traitement visant l’abandon du tabagisme), 12 pourcent des personnes après le traitement bref et 46 pourcent après le traitement intensif avaient cessé de fumer.au moment de l’intervention. De plus le groupe expérimental du traitement intensif avait considérablement moins de complications post-chirurgicales et était plus susceptible de s’abstenir de fumer dans l’année qui suit.Bien que les données indiquent que le traitement intensif pour cesser de fumer devrait commencer au moins quatre semaines avant la date prévue de l’intervention, pour de meilleurs résultats et une santé optimale, on encourage les fumeurs d’entreprendre des démarches pour cesser de fumer aussitôt que possible, avant même d’avoir besoin d’une intervention chirurgicale !