Le problème de la violence envers les personnes âgées devrait tous nous interpeller. Souvent, nous ne parvenons pas à reconnaître les signes de mauvais traitements. Nous pouvons être voisin de quelqu'un qui subit une forme quelconque de mauvais traitements et ne pas en avoir conscience. Comme la proportion de la population âgée de plus de 65 ans augmente, il est probable que le problème de la violence envers les personnes âgées augmentera également.
Il est important de savoir que les personnes âgées peuvent subir différentes sortes de mauvais traitements. Cette connaissance nous permettra de reconnaître les indices importants qu’une personne est maltraitée. Plus important encore, nous devons connaître certaines choses simples que nous pouvons tous faire pour aider à identifier et à prévenir la violence envers les personnes âgées dans nos collectivités.
Dans cette série en quatre volets, nous discutons tous les aspects de la violence envers les personnes âgées :
- Dans le volet 1, nous examinons la définition générale des mauvais traitements infligés aux personnes âgées
- Dans le volet 2, nous examinons les facteurs de risque importants liés à la violence envers les personnes âgées et les différents types de mauvais traitements
- Dans le volet 3, nous comparons ce que les Canadiens croient au sujet des mauvais traitements et les éléments de preuve sur l’ampleur de ce problème de santé au Canada et dans le monde
- Dans le volet 4, nous discutons les avantages et les inconvénients possibles des interventions en matière de violence envers les personnes âgées.
Pourquoi la violence envers les personnes âgées est-elle un enjeu important pour la santé des aînés ?
Bon nombre d'entre nous sont conscients que la violence envers les personnes âgées existe, mais nous nous interrogeons sur l’ampleur de ce problème dans la société canadienne. Étonnamment, mesurer la violence envers les personnes âgées n’est pas une chose aisée. C’est en partie parce qu’il n’est pas facile de demander aux gens s’ils sont maltraités. La peur et la honte sont quelques-unes des émotions qu'éprouvent les victimes de mauvais traitements, ainsi que la réticence à divulguer qu’ils sont maltraités. Les victimes de violence craignent les contrecoups et une aggravation des mauvais traitements s’ils en parlent. Ils craignent qu’ils doivent quitter leur maison pour éviter les mauvais traitements. Par conséquent, une grande partie des mauvais traitements reste cachée et devient un sujet tabou. C’est cependant un problème de santé majeur pour la personne subissant les mauvais traitements et un problème sociétal qui nécessite une attention diligente.
Bien que la plupart des Canadiens soient conscients de la maltraitance à l’égard des personnes âgées, beaucoup ne serait pas en mesure de la définir précisément. Généralement, toute action ou inaction qui apporte un préjudice à une personne âgée peut être considérée comme un mauvais traitement qui lui est infligé. Souvent ces mauvais traitements sont infligés par une personne qui a la confiance de la personne âgée. La personne qui inflige les mauvais traitements (leur auteur) est généralement connue de la personne âgée et peut être un aidant rémunéré, un ami ou même un membre de la famille. Dans les soins institutionnalisés, il y a le potentiel de mauvais traitements entre résidents ; toutefois, ce type violence est différent puisque leur auteur n’est pas en mesure de dispenser des soins ou une aide à la personne qui subit les mauvais traitements. Les mauvais traitements peuvent se produire dans n’importe endroit, y compris dans son propre domicile, dans un hôpital de soins aigus, dans un centre de jour ou dans un établissement d'hébergement et de soins de longue durée. Il est troublant de penser que ce sont des endroits où une personne âgée devrait se sentir en sûreté. Les mauvais traitements infligés aux personnes âgées se produisent indépendamment du sexe, de l'âge, de la religion, de la race ou de la culture ; malheureusement on a constaté des mauvais traitements dans tous ces contextes.
Bien que la définition de l’abus ait évolué au cours des 20 dernières années, on comprend maintenant qu’il existe cinq types communs de mauvais traitements : physique, psychologique ou émotionnel, sexuel, financier et la négligence (l’abandon). Les mauvais traitements infligés aux personnes âgées et la négligence de soi (l’autonégligence) ne sont pas la même chose. Lorsqu’une personne âgée est négligée, la négligence résulte de l'action ou de l'inaction de quelqu'un d’autre. Lorsque les personnes âgées se négligent elles-mêmes, c’est le résultat de leurs propres actions et de leurs comportements. La négligence de soi se produit quand les gens intentionnellement ou non ne parviennent plus à s’occuper d’eux-mêmes (comme de ne pas manger, ne pas prendre ses médicaments ou ne pas s'occuper de son hygiène de base).
Quelles sont les données scientifiques au sujet des mauvais traitements infligés aux personnes âgées et de leurs effets sur la santé ?
Bien qu’il semble évident que si les personnes âgées sont victimes de violence, elles subiront des conséquences néfastes pour leur santé, il y a peu de recherches évaluant cette question. Une étude américaine bien menée a montré que les personnes âgées maltraitées avaient environ trois fois plus de risque de décès par rapport à celles qui n’étaient pas maltraitées (1). Cette étude a fait le suivi de personnes dans le temps et les chercheurs ont pris en compte un certain nombre d’autres facteurs qui auraient pu ajouter à leur risque de mourir (p. ex., l'âge, le sexe, le fait de souffrir de maladies chroniques, le statut fonctionnel, les réseaux sociaux, l'état cognitif et la dépression). Cette étude constitue une très bonne tentative pour estimer les risques à long terme qui associent les mauvais traitements et la mortalité. Malheureusement, nous n’avons pas encore beaucoup de bonnes études explorant le risque entre les mauvais traitements et les problèmes de santé. Il y a un certain nombre de raisons à cela, et une de ces raisons est que les mauvais traitements ont connu différentes définitions au fil du temps.
Pourquoi les définitions des mauvais traitements infligées aux personnes âgées diffèrent-elles ?
L’étude des mauvais traitements infligés aux personnes âgées est un domaine relativement nouveau de la recherche par rapport aux mauvais traitements infligés aux enfants ou aux femmes (2). Les recherches suggèrent qu’une partie du problème en matière d’étude des mauvais traitements infligés aux personnes âgées est qu’ils ne sont pas toujours définis de la même façon (3). Parfois, notre compréhension des mauvais traitements infligés aux personnes âgées varie en raison des lois divergentes entre pays ou régions. Notre compréhension des mauvais traitements infligés aux personnes âgées peut également différer en raison de l’absence d’accord sur les activités ou les actions considérées comme des mauvais traitements. La définition des mauvais traitements infligés aux personnes âgées a évolué au fil du temps, et certaines études reflètent le contexte historique et social de l’époque dans laquelle la maltraitance a été évaluée. Une revue systématique récente (4) a examiné 42 différentes études et a montré comment la définition des mauvais traitements infligés aux personnes âgée a évolué au fil du temps. Depuis le milieu des années 1970 jusqu’au milieu des années 1980, les mauvais traitements infligés aux personnes âgées ont été caractérisés exclusivement comme des agressions physiques sur les femmes âgées (appelées tabassage de grand-mères). Depuis le milieu des années 1980 à 2003, la définition des mauvais traitements s'est étendue aux mauvais traitements psychologiques ou émotionnels et financiers. Actuellement, on admet qu’il y a cinq types principaux de mauvais traitements. Cependant, il y a un désaccord quant à quelles actions (et quelles circonstances) parmi ces cinq catégories devraient être étiquetées comme des mauvais traitements envers les aînés. Les caractéristiques de ces cinq catégories de mauvais traitements sont détaillées dans le volet 2 de cette série.
Quelle est l'essentiel sur la maltraitance des personnes âgées ?
Comme nous l'avons dit auparavant, nous pouvons être voisin de quelqu'un qui subit une forme quelconque de mauvais traitements et ne pas en avoir conscience. Nous savons que le fait de subir des mauvais traitements accroît le risque de piètres résultats cliniques et même la mort. La recherche sur les mauvais traitements infligés aux personnes âgées est limitée pour plusieurs raisons différentes. En partie, cela est lié à la stigmatisation sociale (la peur et la honte) des personnes signalant les mauvais traitements qu'elles subissent. C’est aussi lié aux différentes définitions que les mauvais traitements infligés aux personnes âgées ont connu au fil du temps. Nous avons besoin d’efforts plus concertés pour prévenir les mauvais traitements infligés aux personnes âgées. La première étape est de reconnaître et d'identifier les signes de mauvais traitements (voir le volet 2 pour plus de détails). Si vous ou quelqu'un que vous connaissez subissez de mauvais traitements, ne soyez pas embarrassé pour chercher de l’aide.
- Pour en savoir plus composez le 1 800 O-Canada (1-800-622-6232) ou consultez www.aines.gc.ca
- Rejoignez le Réseau canadien pour la prévention du mauvais traitement des aînés (RCPMTA) ; le lien vers leur site Web se trouve dans les références (5)
Dans le volet 2 de cette série, nous passons en revue les différents types de facteurs de risque et les types de mauvais traitements infligés aux personnes âgées.
Dans le volet 3 de cette série, nous examinons ce que les Canadiens croient au sujet de la violence envers les personnes âgées et les éléments de preuve sur l’ampleur du problème au Canada et ailleurs.
Dans volet 4, nous discutons les avantages et les inconvénients possibles des interventions en matière de violence envers les personnes âgées.