Chaque jour, on diagnostique la maladie de Parkinson chez 30 personnes au Canada, qui viennent s’ajouter aux plus de 100 000 Canadiens et Canadiennes qui vivent déjà avec cette maladie (1). La maladie de Parkinson est une affection cérébrale évolutive qui a des répercussions négatives sur divers aspects de la santé, tels que les mouvements, le sommeil et le bien-être mental (2). Les chutes, en particulier celles qui entraînent des blessures telles que des fractures, sont une préoccupation majeure pour cette population (3-8). En fait, chaque année, environ 60 % des personnes atteintes de la maladie de Parkinson font une chute, et la plupart d’entre elles en font plusieurs (3-5).
Quels sont les facteurs qui augmentent le risque de chute chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson ? Il y en a beaucoup. Il s’agit notamment de la gravité de la maladie, des chutes antérieures, de la peur de tomber, des troubles cognitifs, du manque de force des membres inférieurs, etc. (3 ; 7-13).
Il est surprenant de constater que les stratégies visant spécifiquement à prévenir les chutes chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson n’ont commencé à susciter de l’intérêt que très récemment. Pour nous aider à mieux comprendre quelles sont les stratégies qui semblent efficaces, nous allons nous plonger dans une revue systématique récente sur le sujet (3).
Ce que la recherche nous apprend
La revue systématique porte sur les stratégies médicamenteuses comparées à un placebo et sur les stratégies non médicamenteuses comparées aux soins habituels ou à une stratégie non active. Les stratégies médicamenteuses comportaient des inhibiteurs de la cholinestérase (la rivastigmine et le donépézil) qui sont des médicaments utilisés pour prévenir ou retarder les troubles cognitifs. D’autre part, les stratégies non médicamenteuses comprenaient des exercices de tous types, de l’éducation à la prévention des chutes etou une combinaison des deux.
On a identifié deux stratégies potentiellement efficaces: l’exercice et les inhibiteurs de la cholinestérase. Toutefois, avant d’analyser les résultats, il convient de noter que les conclusions relatives à l’exercice physique s’appliquent spécifiquement aux personnes atteintes d’une forme moyenne ou modérée de la maladie de Parkinson. En outre, bien que les études sur les inhibiteurs de la cholinestérase ont porté sur des personnes atteintes d’une forme plus grave de la maladie de Parkinson, les résultats se basent sur un petit nombre d’études.
En ce qui concerne la fréquence des chutes des personnes atteintes de la maladie de Parkinson, l’exercice physique semble susceptible de réduire les chutes d’environ 26 %, tandis que les inhibiteurs de la cholinestérase à l’étude peuvent les réduire d’environ 50 %. L’exercice physique pratiqué entièrement sous supervision peut s’avérer particulièrement efficace. En ce qui concerne le nombre de personnes atteintes de la maladie de Parkinson qui tombent une ou plusieurs fois, l’exercice contribue probablement à réduire légèrement ce nombre d’environ 10 %, tandis qu’il n’est pas certain que les inhibiteurs de la cholinestérase aient un impact sur ce point. Enfin, la qualité de vie liée à la santé peut être légèrement améliorée par l’exercice, immédiatement après la mise en place d’un programme d’exercice, mais là encore, nous ne savons pas si les inhibiteurs de la cholinestérase font une différence.
L’innocuité de ces stratégies est également importante à prendre en compte. La revue systématique montre que l’utilisation d’inhibiteurs de la cholinestérase peut potentiellement augmenter les effets secondaires négatifs de près de 60 %. Mais la plupart des effets secondaires signalés sont temporaires et mineurs. D’autre part, nous ne savons pas si l’exercice physique augmente également le nombre d’effets secondaires négatifs.
Bien qu’on obtienne des données prometteuses, des recherches supplémentaires sont encore nécessaires pour confirmer ces résultats, combler les incertitudes et en savoir plus sur l’innocuité des différentes stratégies et sur les types d’exercices et les prescriptions les plus efficaces (3). Les personnes atteintes de la maladie de Parkinson doivent discuter des stratégies de prévention des chutes avec leur équipe soignante. Ces discussions doivent tenir compte de la gravité de leur maladie et de leurs préférences, et évaluer le coût et les avantages de ces stratégies.