Subir un accident vasculaire cérébral (AVC) peut être une expérience traumatisante. Nous savons que le temps presse quand il s'agit de se rendre à l’hôpital pour se faire soigner. Mais pour beaucoup de gens, le rétablissement à la suite de l’événement initial n'est que le début d’une longue période de récupération et de réadaptation pour recouvrer les fonctions perdues à cause d’un AVC.
Mais pour au moins un tiers de toutes les personnes qui souffrent d’un accident vasculaire cérébral, le rétablissement comprend les problèmes de communication (1). L'« aphasie » est le terme qui désigne les difficultés de langage – notamment la difficulté de parler, d’écouter et de comprendre, de lire et d'écrire – résultant souvent d’un AVC. Certaines ou l’ensemble des aptitudes de communication peuvent être affectées à divers degrés (2). Pour les patients et leurs proches, cela peut ajouter à la frustration et à l’anxiété face à une situation déjà difficile.
Heureusement, la plupart des gens récupèrent les aptitudes de langage et de communication, bien que le taux auquel ils recouvrent leurs capacités – et s’ils parviennent à un rétablissement complet – varie selon les individus. Pour certains, c’est une convalescence lente et pénible, et tout ce qui pourrait aider le processus est le bienvenu. On recommande ainsi la rééducation du langage.
« Si un quelconque patient victime d’AVC manifeste des signes d’aphasie, la rééducation du langage devrait figurer dans son plan de soins selon les Pratiques optimales de l'AVC au Canada », soutient Dre Patrice Lindsay, directrice de la division AVC de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC. « Si on ne traite pas adéquatement l'aphasie, elle peut avoir un impact négatif sur le rétablissement complet du patient, en l'isolant sur le plan social par exemple. Cela peut affecter son désir et sa capacité de participer activement au processus de réadaptation. »
Mais que nous apprend la recherche au sujet de la rééducation du langage? Est-ce que ça fonctionne vraiment?
Une revue systématique a examiné les résultats de 57 essais cliniques randomisés portant sur plus de 3 000 personnes atteintes d’aphasie (3). Dans environ la moitié des études, les participants qui reçoivent des soins en orthophonie sont comparés à des groupes témoins qui ne reçoivent aucune assistance spécialisée ou formelle en matière de langage. D’autres études comparent la rééducation du langage au soutien social ou à la stimulation (par exemple, des occasions de pratiquer les aptitudes à communiquer, mais pas de façon structurée et normalisée) ou comparent différents types et intensités de rééducation du langage.
Ce que la recherche nous apprend
Les données probantes issues de la recherche révèlent que la rééducation du langage est un moyen efficace d’améliorer les compétences en langage et en communication après un AVC (3). C’est clairement mieux qu’aucun traitement du tout, mais les comparaisons avec d’autres approches comme la stimulation et le soutien social sont difficiles à faire, car beaucoup de participants décrochent au début des programmes moins structurés.
Les données probantes indiquent aussi qu'une « intensité plus élevée » de rééducation du langage, par exemple des séances plus nombreuses ou plus longues, peut contribuer à des améliorations plus grandes ou plus rapides.
Bien que la rééducation du langage soit un élément important du rétablissement suite à un AVC, certaines personnes n'ont peut-être pas un accès facile aux orthophonistes, particulièrement à l’extérieur des zones urbaines et – selon là où vous vivez et votre régime de soins de santé – les coûts ne sont peut-être pas couverts. Soyez proactifs quant à votre plan de rétablissement suite à un AVC: informez-vous pour savoir si un orthophoniste est disponible pour vous et quelles sont vos options en matière d'aide financière.
Se rétablir d'un AVC exige de la patience, de la persévérance et de la compréhension de la part de la personne touchée ainsi que de sa famille et de ses amis. En attendant, il est important de garder ouvertes les voies de communication, même si en raison de l’aphasie, c'est plus difficile.