Vivre avec la maladie d’Alzheimer (MA) peut être dévastateur. Plusieurs médicaments sont disponibles pour le traitement des symptômes de la MA. Cependant, tous les régimes d’assurance-médicaments provinciaux n’assurent pas une couverture intégrale pour ces médicaments. Le présent billet de blogue examine les médicaments qui sont disponibles pour le traitement de la MA au Canada.
Quels sont les médicaments disponibles et comment agissent-ils ?
Santé Canada a approuvé quatre médicaments pour le traitement des symptômes cognitifs de la maladie d’Alzheimer (MA) : le donépézil (Aricept® et les génériques), la rivastigmine (Exelon® et les génériques), la galantamine (Reminyl® et les génériques) et la mémantine (Ebixa® et les génériques). On appelle nootropres ces médicaments censés augmenter les fonctions intellectuelles. Les trois premiers médicaments sont approuvés pour le traitement des personnes atteintes des formes légères ou modérées de la MA alors que la mémantine est approuvée pour le traitement des personnes atteintes des formes modérées ou graves de la MA.
Ces médicaments ne guérissent pas la MA ni n’arrêtent pas son évolution vers le pire. Les médicaments pour la MA traitent plutôt les symptômes cognitifs de la maladie (1). Ces médicaments pourraient aider les gens à se souvenir de petites choses ou à accomplir un peu mieux les activités quotidiennes mais la maladie continue de progresser. Les études médicales montrent que les bienfaits des médicaments contre la MA se dissipent après quelques mois ; presqu’aucune étude n’a examiné les effets au-delà d’un an (1).
Les personnes atteintes de la MA réagissent différemment aux médicaments. Un médicament qui traite les symptômes d’une personne n’aura aucun effet sur une autre. Les médecins doivent parfois prescrire deux médicaments ou plus avant de trouver celui qui fonctionnera pour un patient en particulier.
Combien coûtent ces médicaments et qui paient pour eux ?
Actuellement, les médicaments contre la MA coûtent environ 5 $CA par jour (2). Puisque ces médicaments ne guérissent pas la maladie et que leurs effets s’estompent avec le temps, les régimes d’assurance privés et publics limitent la couverture aux personnes qui respectent certaines conditions. Par exemple, la prescription de donézépil, de rivastigmine et de galantamine est couverte seulement pour les personnes atteintes des formes légères ou modérées de la MA. De plus, la couverture peut s’interrompre après une période déterminée bien que les symptômes de la personne n’aient pas changé depuis le dernier examen.
Sans assurances, les personnes atteintes de la MA et leur famille doivent payer elles-mêmes pour les médicaments. Cela peut devenir un fardeau financier difficile à porter puisque la plupart des personnes atteintes de la MA sont à la retraite et perçoivent un revenu fixe. Les conjoints perçoivent souvent eux-mêmes des revenus fixes et les enfants ont leurs propres obligations financières.
Pourquoi les gouvernements n’offrent-ils pas une meilleure couverture pour les médicaments contre la MA ?
Ce sont les gouvernements provinciaux qui sont responsables des soins de santé au Canada. Ils dépensent en moyenne 38 % de leur budget à ce chapitre (3). Les provinces paient les salaires des travailleurs de la santé, financent les hôpitaux, couvrent les interventions chirurgicales et remboursent le coût des médicaments pour des centaines de maladies graves. Si le budget des soins de santé augmente, les gouvernements doivent réduire leurs dépenses dans d’autres domaines comme l’éducation et les transports publics. Ou ils doivent emprunter plus d’argent ou augmenter les taxes..
Les provinces doivent évaluer si elles doivent dépenser plus de fonds pour les médicaments contre la MA ou pour d’autres maladies. Au bout du compte, les médicaments contre la MA ne guérissent pas la maladie, ne fonctionnent pas pour tous les patients, et leurs effets s’estompent avec le temps. D’autres traitements, y compris des médicaments ou des chirurgies, pourraient être plus efficaces pour le traitement de maladies aussi dévastatrices. Confrontées aux limites des fonds disponibles, les provinces doivent faire des choix difficiles et souvent décident de limiter la couverture pour les médicaments contre la MA. L’impact de ces médicaments sur les soins de santé est en général moindre que l’impact des traitements pour d’autres maladies.
Que veulent tous les autres ?
Alors que les gouvernements doivent concilier des besoins concurrents avec des budgets limités, d’autres groupes ont des priorités différentes. Les compagnies pharmaceutiques, les groupes de pression, les patients et leur famille peuvent revendiquer une extension de la couverture pour les médicaments contre la MA.
Les compagnies pharmaceutiques ont financé la plupart des grands essais de médicaments contre la MA. Elles essaient de donner une apparence favorable aux résultats de ces essais, même si les bienfaits observés sont petits ou inexistants (4). Les compagnies pharmaceutiques demandent avec insistance que les provinces paient pour les médicaments contre la MA. Un régime d’assurance-médicaments public entraîne plus de prescription et, par conséquent, une augmentation des ventes et des parts de marché pour ces compagnies. Les groupes de pression, comme la Société Alzheimer du Canada et l’Association Alzheimer des États-Unis, ont pour mission d’aider les personnes atteintes de MA. Ces organismes souhaitent l’amélioration de l’accès aux médicaments contre la MA et militent donc pour une meilleure assurance-médicaments.
L’impact de la MA se fait sentir plus profondément sur les conjoints, les enfants et les amis des personnes atteintes de la maladie. Ces gens voient comment la maladie dépouille lentement l’être cher de son essence intime. Souvent motivés par l’amour et la sympathie, les proches et les amis chercheront un traitement quelconque, bon ou mauvais, dans l’espoir d’aider l’être cher à se rétablir. Tout médicament est considéré comme une meilleure option que de ne rien faire, même si les chances de changements durables sont minimes. Il faut seulement consulter l’Internet pour voir le grand nombre de traitements complémentaires (en dépit d’un manque de preuves médicales solides) qui prétendent aider, même guérir, la MA.
L’avenir
Bien que des millions de dollars soient dépensés chaque année pour la recherche sur la MA, les scientifiques ne comprennent toujours pas les causes de la maladie. Cette absence de connaissances a entravé le développement de médicaments plus efficaces. Selon des prédictions optimistes, il faudra attendre au moins dix ans avant de voir la mise en marché de nouvelles classes de médicaments qui cibleraient le processus pathologique, plutôt que seulement les symptômes (5).